124                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
ciel, sont peuplés d'anges portant des instruments de musique. Ce genre de bordure se remarque sur la Présentation au Temple, de M. Escosura, comme sur les longues pièces de l'Apocalypse. On distingue même, dans la première, des petites maisons très naïvement indiquées. Au xv0 siècle, l'usage s'établit d'entourer le sujet soit d'une bordure étroite couverte de fleurs, soit d'un ornement portant l'écusson et la devise du propriétaire plusieurs fois répétés. Le cadre banal de fleurs séparées par des termes allégoriques, appliqué à la plupart des pièces bruxelloises du xvi0 siècle, n'est donc que l'extension d'une pratique qui remonte à l'origine même de l'industrie.
Les tapisseries du moyen âge offrent presque toutes, dans une légende versifiée, l'explication du sujet; de plus, les noms des personnages sont souvent inscrits à côté d'eux, au milieu même de la tapisserie. Nous avons vu que des poètes habiles ne croyaient pas déroger en travaillant à ces inscriptions, dont il a dû exister des recueils comprenant tous les sujets populaires de l'histoire ancienne. Ainsi nous avons retrouvé sur une fort belle suite de VHistoire de Suzanne, appartenant à M. Paul Marmottan, des sixains en vers français, inscrits sur les sujets identiques qui figurent parmi les toiles peintes de Beims. Les scènes diffèrent sensiblement, tandis que les vers sont absolument semblables. Cette singulière coïncidence ne prouve -1-elle pas qu'il a été com­posé des recueils d'inscriptions à l'usage des tapissiers, où ceux-ci ne se faisaient pas scrupule de puiser les légendes dont ils avaient besoin?
La langue de ces inscriptions peut aussi devenir un élément pré­cieux pour aider à déterminer l'origine de certaines pièces.
Le français semble avoir été beaucoup plus employé que le latin pour les légendes des tentures durant le moyen âge, tandis que, pendant la renaissance, l'érudition envahit le monde de la tapis­serie lui-même, et nos bonnes vieilles légendes en vers de huit pieds sont désormais remplacées par de prétentieux distiques.
On a vu, par les exemples reproduits ici, que les Allemands aimaient à remplir le fond de leurs tissus de longues banderoles chargées de mots ou de phrases qui, parfois, constituent un véritable élément de décoration et enveloppent complètement les personnages.
On sait que les oeuvres des artistes du moyen âge, j'entends